Wednesday, February 29, 2012

La Jordanie, chapitre 1




Au lendemain de notre aventure kafkaesque à Amman, après avoir récupéré, s'être réchauffés, avoir profité de la piscine (les saunas, bains de vapeur et jacuzzi sont séparés pour les hommes et les femmes, seule la grande piscine est commune) nous allons chercher notre amie Florence à l'aéroport. Plus compliqué qu'il ne le paraît; il faut ABSOLUMENT avoir des directives claires, préférablement carte à l'appui, pour se retrouver dans cette ville de cauchemar routier pour tout automobiliste néophyte du Moyen-Orient. Les rues, toutes en courbes, ont des noms très longs, mal indiqués, et qui changent d'une carte à l'autre; les artères principales sont interrompues par des tunnels avec des rond-points par-dessus, et parfois le tunnel bifurque pour nous désorienter complètement lorsqu'on en émerge. Les automobilistes conduisent de façon désordonnée, et les cartes sont approximatives. Bref, même sur les chemins que nous sommes venus à connaître (vers l'aéroport, par exemple) notre exclamation la plus fréquente - sur fond d'angoisse - a été: "Hé! On n'est jamais passés par ici; c'est pas le bon chemin!" Et si vous vous trompez, difficile de tourner à gauche avec les terre-plein; les Jordaniens ont instauré un système de voies de "U-turn" pour revenir sur ses pas. Dernier détail: lorsque sur une autoroute on voit une sortie annoncée dans une direction, si on revient sur ses pas, elle n'est pas annoncée dans l'autre direction. Nous sommes vite devenus des experts en virages en U.

Cela dit, on réussit tant bien que mal à aller chercher Florence, notre amie d'Ottawa qui vient nous rejoindre après avoir participé à une compétition de ski de fond en France, dans les conditions sibérienne qui se sont abattues sur l'Europe mi-février, et nous rentrons à l'hôtel.

Réunion des copines.

Conciliabule de groupe: on devait passer quelques jours à Amman, mais la météo demeure misérable partout dans les environs où nous voulons aller. Mais dans le sud, à Aqaba, c'est le beau fixe dans cette ville balnéaire sur le bord de la mer Rouge. Qu'à cela ne tienne, on se refait un itinéraire et, le lendemain, on prend l'autoroute du Désert pour parcourir les 320 km qui nous séparent d'Aquaba.

Au début, le paysage est désertique (d'où le nom); plaines de rocailles et de pierres blondes, avec quelques nuages de sable qui s'élèvent à l'horizon. C'est parfait: l'occasion de se rattraper avec Florence, se raconter nos aventures respectives. Puis le paysage change, des montagnes se dressent et la route commence à grimper. Au point le plus haut, il y a de la neige au sol. On apprendra plus tard que là où nous passons, la route avait été fermée tout l'avant-midi en raison d'une tempête et qu'elle venait d'être rouverte. Si la route vers Aqaba descend, le mercure, lui, monte.

Il a neigé sur la route vers Aqaba.

Aqaba, première ville prise par Lawrence d'Arabie avec sa troupe de bédouins en 1917, est une jolie petite station balnéaire. Notre hôtel donne sur la plage de la mer Rouge, où on se dépêche d'aller se tremper les orteils. Il fait chaud, il fait soleil, on respire. De là, on voit clairement la ville d'Eilat en Israël et, juste à côté la rive égyptienne. Nous sommes également à 17 km de l'Arabie Saoudite; un véritable carrefour.

Aqaba, ville balnéaire sur la Mer Rouge.


La ville d'Eilat, en Israël, quelques kilomètres mais des années-lumières de distance.
Le gérant de l'hôtel organise 2 fois par mois des cocktails pour les invités de l'hôtel et il y en a un ce soir-là auquel nous sommes invités. C'est l'occasion de rencontrer des gens et d'en apprendre plus sur la vie en Jordanie.  Suha, une jeune femme chrétienne native de Bethléem, qui a fréquenté l'école privée à Aqaba, a eu l'occasion de voyager et nous avoue qu'elle rêve de travailler dans d'autres hôtels de la chaîne Intercontinental ailleurs dans le monde. Elle nous dit combien, dans son domaine des services hôteliers, les femmes sont plus compétitives - de façon plus appliquée et sérieuse que les hommes - et que finalement, parce qu'elles sont moins nombreuses sur le marché du travail, elles ont de meilleures chances d'avancement. Elle a les yeux brillants, elle est jolie, elle a la vie devant elle. Comme beaucoup de gens que nous rencontreront, elle n'aime pas Amman. La capitale de la Jordanie est la mal-aimée des gens qui n'y habitent pas.

Les pieds dans l'eau de la Mer Rouge.

On se couche tôt pour entamer le lendemain une expédition dans le désert du Wadi Rum. On a échappé au temps maussade avec succès, on a survécu au réseau routier, on a un nouvel itinéraire; tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle aventure.

Le soleil se lève sur la Mer Rouge.
 Prochain épisode: sur la piste de Lawrence d'Arabie dans le désert du Wadi Rum.




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