Tuesday, March 6, 2012

La Jordanie: Wadi Rum ou voyager à 3


La Jordanie: Wadi Rum ou voyager à 3

Lorsque Florence s'est jointe à nous, elle a définitivement changé notre dynamique de voyage,  de façon fort agréable. Après plusieurs semaines d'intimité, nous étions encore plus un "vieux couple" qu'avant, avec nos petites habitudes, nos rituels de voyage et de cohabitation exclusifs. On s'entend bien en couple et en voyage, mais on a quand même nos petites manies, nos façon de faire, nos sphères d'expertises qu'on respecte mutuellement. L'arrivée de Florence bouleverse tout ça, et pour le mieux.

Florence se joint à nous pour la portion jordanienne de l'aventure.
Par exemple, nous pensions que notre aventure dans le désert du Wadi Rum (la nuit sous la tente) serait comme celle du Sahara. On était un peu blasés, encore comblés par notre aventure saharienne, alors, un autre désert... Mais Florence voulait tellement vivre cette aventure, alors pourquoi pas. Leçon apprise: il ne faut jamais présumer de rien.

Pourtant, la journée commence mal. Lorsque vient le temps de prendre la voiture, crevaison. Extrêmement serviable - comme la plupart des Jordaniens - le personnel de l’hôtel change le pneu pour nous. Par contre, c'est la roue de secours et on ne peut pas partir dans le désert avant de faire réparer le pneu. Dilemme; on nous attend pour notre expédition à 10h. L'hôtel nous offre un transport aller-retour (pour un prix costaud) et nous permet de laisser notre voiture dans leur stationnement sécurisé jusqu'à notre retour le lendemain. Comme on doit laisser les bagages dans la voiture, l'option semble bonne. On embarque donc avec un chauffeur. Pour faire changement, il s'appelle...Mohammed.

C'est Jehad, jeune homme taciturne de 18 ans, qui nous accueille et qui sera notre guide pour la journée. Il nous amène d'abord faire des provisions pour notre pique-nique du midi, puis la tournée commence dans un vieux 4X4 déglingué. Nous voici parti dans le Wadi Rum, le désert de Lawrence d'Arabie.

Jehad, notre guide, 18 ans, fils de Mafleh.
 
La route (hmmm, plutôt une piste dans le sable) est cahotique et nous nous tenons bien, euphoriques de voir les paysages défiler autour de nous. Premier arrêt, la montagne d'où jaillit la source de Lawrence, où pousse un arbre. Elle est à flanc de montagne, à environ 200 mètres en hauteur. Jehad nous indique qu'il nous laisse grimper, escalader, explorer à notre guise. Car il faut le dire, l'exploration en nature ici n'est pas comme en Amérique, où tout est clairement indiqué et maniaquement supervisé. Ici, on nous indique une montagne, un point d'intérêt à atteindre, un sommet à grimper... C’est à notre guise. "You climb" est la phrase du jour.

La pente est abrupte, rocailleuse et non balisée. On se regarde un bref moment, incertains, puis on se décide: c'est l'ascension.

Un paysage magnifique nous frappe chaque fois qu’on s’arrête pour regarder derrière : lunaire, s'il n'était si chaud; éclats de couleurs et de lumière, ocre, rouge, or et blond des blés de l'Alberta. Et le silence encore, le silence toujours, celui du désert, profond, celui qui entre dans le coeur comme un appel. Les filles trippent ensemble; François fait de la photo.

Vue sur la base du Lawrence's Well.

Vue de l'arbre qui pousse au puit de Lawrence.

 Bientôt, des aboiements de chiens nous ramènent à la réalité du moment: il faut redescendre pour poursuivre l'excursion. Mais pas sans avoir pris le thé (délicieux, aromatisé de plusieurs épices exotiques) dont nous achetons plusieurs sachets. 

Tente de bédouin.

On visite d’abord le canyon Ali, une gorge profonde, une fissure dans un monolithe de pierre au milieu du désert. La légende veut qu’autrefois un certain Ali, pourchassé par des ennemis, grimpa au sommet de la montagne, ses poursuivants sur les talons. S’apercevant qu’il n’y avait pas d’issue, il sauta dans le vide. Sa grande tunique se gonfla pour faire office de parachute, amortit la descente et lui permit de survivre la chute. Estomaqués par l’événement, ses ennemis lui laissèrent la vie sauve, considérant que si Allah avait cru bon le sauver, ils seraient bien avisés de faire de même.

Ève Marie admire la lumière qui inonde la Canyon d'Ali.

Entrée du Canyon.

 Jehad nous amène ensuite à un imposant "pont" de pierres, où Florence et François font de l’escalade alors qu’Ève Marie, à son tour, fait de la photo. 

Ça ne parait pas, mais l'ascension est d'une cinquantaine de mètres, sur une roche poreuse, puis une autre dizaine de mètres pour aller sur le pont de pierre.

Après un lunch improvisé sur un rocher, dans le bruissement du vent, on visite la maison de Lawrence d'Arabie. Un seul mur reste debout, mais il est possible de grimper sur le rocher au pied duquel la maison s’était appuyée. La vue est à couper le souffle. On domine l’horizon, et on peut apercevoir les ennemis potentiels des heures avant qu’ils ne puissent atteindre la maison. 

Ève Marie sur la pierre-toit de la maison de Lawrence.

L’après-midi est avancé quand on s’arrête au pied d’une dune géante, orange, que Florence et Ève Marie gravissent. Si on était plus athlétiques et connaissants - on aurait pu y faire du surf de sable; Jehad a des planches à l’arrière de son camion. 

La dune, dernier endroit visité avant l'arrivée au camp.

C’est ensuite l’arrivée au campement, à temps pour le thé et le coucher de soleil aux invraisemblables couleurs. 

Le soleil se couche sur le Wadi Rum.

Florence baigne dans les derniers rayons.

La lumière du lendemain matin, les rides du sable rouge.

Puis, d’un coup, la nuit tombe. Une nuit où nous dormirons seuls, sans supervision, sauf celle des chiens de garde de Mafleh, le père de Jehad. Mafleh qui nous a offert le souper, qui nous a gardé au chaud avec un bon feu et divertit de ses histoires et blagues... parfois salées! Mafleh qui a même organisé, à distance, avec son cellulaire - qui se doublait d`une lampe de poche pour les toilettes (à l'eau courante, merci) - la réparation de notre pneu pour nous éviter un voyage chez le garagiste. Mafleh qui nous a apporté le petit déjeuner le lendemain, nous a ramené au village, a organisé une randonnée à dos de dromadaire pour les filles et a accueilli François chez lui pour le thé. Un gars magnifique, lumineux, qui voyage dans le monde grâce à ses clients. Mafleh qui peut chanter des chansons dans toutes les langues (il chantait du Zachary Richard!!!) qui se fait un bonheur évident de discuter (de tout), échanger, créer des liens. Un bédouin cosmopolite, quoi. Mais aussi, il faut le dire, un homme aux valeurs extrêmement traditionnelles en ce qui concerne sa famille, sa femme...  

Mafleh, Sami et le petit dernier.

Mafleh, notre hôte, dans la tente après le souper.

 Il est à l'image de la Jordanie: un pays qui se veut accueillant et ouvert sur le monde, un genre de Suisse du monde arabe, mais conforme à des valeurs islamiques traditionnelles. On ne voit pas les femmes, ou si peu; elles ne travaillent pratiquement pas et c'est à l'homme de notre groupe que tout le monde s'adresse. Florence et Ève Marie n'existent pratiquement pas, sauf lorsque vient le temps de taquiner François sur "ses 2 femmes" - ce qui suscite de petits rires jaunes de notre part. En Jordanie, les hommes ont le droit d'en avoir jusqu'à quatre.

Nous sortons de la tente à plusieurs reprises dans la nuit pour se perdre dans une orgie d’étoiles, heureuses de redoubler d’éclat en l’absence d’une lune à la lumière souvent trop envahissante.

De retour à l'hôtel, le pneu est réparé, on part pour Petra.

Un p'tit tour de dromadaire avant le départ.

Dans l'arrière de la jeep de Mafleh, le matin, François est maintenant très à l'aise à porter le Mandil.

Ève Marie, pupille de mes yeux, médite dans le trou de la paroi où se trouvent des pétroglyphes vieux de milliers d'années.

Au diable la méditation, Florence préfère la sieste.

Pétroglyphes, désert du Wadi Rum.

Eh non, elle n'a pas sauté. C'est pas tout le monde qui peut faire comme Ali (elle n'a pas la robe qui faut).

1 comment:

  1. Mafleh, l'organisateur chaleureux de ce circuit dans le Wadi Rum, a un site web:
    http://wadi-rum-guide.com/

    ReplyDelete