Friday, February 3, 2012

Nous sommes partis le 29 janvier pour Essaouira. Petit déjeuner rapide, on saute dans la voiture avec notre accompagnateur, Mohamed. La route, spectaculaire, longe la côte. Très peu développée, quelques villages, mais des plages...des plages! Extraordinaires. Quelques-unes sont fréquentées par des surfers coriaces, qui arrivent en minibus loué pour profiter des vagues du mois de janvier.

Et c'est là également que l'on voit des maisons détruites; on les dirait éventrées par un séisme ou une explosion. En fait leur destruction est le résultat d'une drôle de loi - ou d'absence de règlementation, ou les deux. Au Maroc, il est interdit de construire à moins de 10 mètres du bord de l'eau; là où tout le monde veut construire, évidemment. Et ces centaines de kilomètres de plages paradisiaques appartiennent à l'état. Alors que font les Marocains? Ils s'installent, et construisent où ils veulent, quand ils veulent.et ignorent la loi. C'est pas très compliqué construire: des briques, de la chaux/terre/paille et hop, le tour est joué. Mais les développeurs aussi ont flairé la bonne affaire, et les hommes d'affaires, les riches voire des ministres nous a-t-on dit. Alors, des villas, des complexes, des "cabanes" poussent comme des champignons: ce qu'ils appellent la "construction sauvage", illégale.

On nous a également expliqué que maintenant que le printemps du jasmin et les élections de novembre sont choses du passé, le gouvernement a décidé de se mettre à l'oeuvre pour mettre un frein à ces constructions sauvage de façon, disons... draconienne.À coup de bulldozer!

On avait bien remarqué un soir, de notre studio de Taghazout, qu'il y avait des dizaines et des dizaines de véhicules d'urgence qui longeaient la côte au loin. On a pensé que quelque chose de grave s'était produit pour mobiliser tant de services d'urgence. Pourtant, rien dans les nouvelles le lendemain. Mais en longeant la côte en direction d'Essaouira on a bien vu le résultat de cette opération policière et militaire qui jetaient à terre les constructions sauvages.

Et chose peut-être encore plus étonnante, tous les Marocains à qui nous avons parlé sont tout à fait d'accord avec cette façon de faire. Rachid, notre commerçant de Taghazout, nous disait qu'il est tout à fait en faveur d'une application de la loi sévère et militaire pour contrer les abus des Marocains. Sans cela, ce serait l'anarchie, selon lui. Comme quoi....




Mais revenons sur la route vers Essaouira. Celle-ci quitte le long tracé sinueux le long de la plage et bifurque dans les terres. On traverse Imzi, un petit village dans une vallée qui fait pousser des bananes. C'est fou comme tout pousse là où il y a un peu d'eau, alors que tout autour demeure désertique.

Nous arrivons en fin de matinée à Essaouira, qui signifie la-bien-dessinée en arabe. En effet, Essaouira - qui s'appellait Mogador jusqu'à l'orée des années 1960 - a été dessinée par un architecte français du 18e siècle, Théodore Cornut, embauché par le sultan Sidi Mohamed ben Abdallah. Cornut s'inspire du tracé de Saint-Malo pour concevoir la kasbah de Mogador.


Essaouira, la ville bleue. Les murs sont blancs, mais les portes, les fenêtres, les ornementations, tout est d'un bleu profond qui rappelle celui qu'on voit souvent en Grèce. La mellah (quartier juif) offre des murs très hauts, cinq étages, qui protègent des vents alizés qui soufflent constamment sur la ville. Quartier juif à l'abandon, où ne subsiste que des vestiges d'une communauté jadis florissante. Les juifs constituaient la  majorité à Mogador, et travaillaient pour le sultan en qualité d'intermédiaires avec les commerçants chrétiens. La plupart sont partis après la guerre de 6 jours en 1967. Influences berbères, arabes, portugaises, françaises, juives: Essaouira est unique; c'est pourquoi elle a été reconnu patrimoine mondial par l'UNESCO.






Promenade terminée, Mohamed nous amène au port, très achalandé, où il nous achète des crevettes et deux sortes de poissons. Quand on lui demande lesquels, il répond du Saint-Pierre et...du pageot! On est morts de rire, et notre pauvre guide ne comprend pas ce qu'il a dit de si drôle. On lui dit que je m'appelle François Pageau, et il éclate lui aussi. Il nous amène dans une sorte de cafétéria presque en plein-air, où on donne les poissons à cuire. Quel festin...





 


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