Petra.
Du grec ancien, qui
signifie pierre.
En langue sémite Raqmu, la bariolée.
Cette ville, fondée il y
a 2800 ans, est logée dans une immense vallée qui agit comme une cuvette
naturelle, permettant d’accumuler l’eau de pluie, essentielle dans cette région
désertique. L’eau, source de la richesse de Petra, qui était située sur la
route des caravanes où transitaient l’encens, les épices et les produits de
luxe vers l’Égypte, la Syrie, la Méditérannée.
Petra la rose, avec ses
palais grandioses taillés directement dans les parois de grès aux couleurs
chaudes, a connu son apogée quelques siècles avant et après Jésus-Christ. La
ville des Édomites, puis des Nabatéens, des peuples dont les noms résonnent
encore dans l’Ancien Testament. Il est difficile de croire qu'à l'époque
c'était une mégapole de 230 000 habitants, qui vivaient nichés dans la roc, ou dans
des maisons de pierre dans la vallée, et les plus riches dans des palais. Le
chatoiement des couleurs nous laisse pantois. Comme le décrit un poète anglais
du 19e siècle, Petra, a rose-red city
half as old as time. Petra maintenant morte, victime de plusieurs
tremblements de terre et de la création de nouvelles routes commerciales. Mais
du haut d’un temple dédié à une déesse maintenant oubliée, au coucher du soleil,
quand la lumière chaude caresse la pierre ocre, on entend presque le brouhaha
de la cité grouillante de vie, les cheptels de chameaux qu’on charge de
marchandise pour de longs voyages, le ruissellement de l’eau qui coule dans les
artères de la ville.
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Premier contact avec Petra. Place commerciale, fin de journée. |
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le Siq, canyon d'entrée de la Petra, |
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Une maison typique, creusée dans une pierre aux couleurs psychédéliques. |
Petra, ce sont aussi des
milliers de marches pour atteindre des sommets de plusieurs centaines de mètres,
entourant la vallée que nous gravissons, essoufflés mais émerveillés de
découvrir dans les hauteurs des paysages d'un autre âge. On se fait des cuisses
et des mollets. Florence, forte de sa compétition de 60 km de ski de fond, mène
le bal. Elle a la patience de nous attendre lorsque nécessaire, s'amourachant,
chemin faisant, de tous les minous qui peuplent les ruines.
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Florence au sommet du Sacrifice (1100 marches...) |
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Les vrais maîtres de Petra, |
Au début de l'ascension
des 800 marches vers le monastère, Florence et Ève Marie captent une
conversation entre 2 touristes français:
-- C'est parce que tu
sais, dans l'ancien testament, Dieu il était pas cool...
-- Comment ça pas cool?
-- Ben il faisait des
trucs pas cool comme à Babel quoi...
-- Ah c'est quoi Babel?
-- Ben c'était une tour
que les hommes ont construit pour s'approcher de Dieu...
-- Ils ont construit une
tour? C'est ce qu'on va voir maintenant?
-- Non non, parce que
Dieu, il l'a défaite, la tour.
-- Ah bon, et pourquoi?
-- Parce que les hommes
voulaient s'approcher de Dieu, et lui, il voulait pas.
-- Ben pourquoi il
voulait pas?
-- Parce que s'ils
s'approchaient de lui, ben du coup ils se prendraient pour Dieu.
-- Alors qu'est-ce qu'il
a fait?
-- Ben c'est là qu'il a
créé toutes les langues pour que les hommes se comprennent plus et puissent
plus travailler ensemble.
-- Et la tour elle, on
peut la voir, elle est ici?
-- Ben non, je te dis:
Dieu l'a détruite.
-- Ah, bon et comment il
a fait?
-- Ben du coup il l'a
pétée.
-- Ah bon. Mais dis
donc, Babel, c'est pas une des 7 merveilles du monde ça?
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Notre ami Lippy, qui a entendu la conversation des touristes Français et qui n'en revient pas... |
Nous croisons des
"chauffeurs" de mules, de dromadaires, d'ânes et de chevaux
sympathiques (les chauffeurs, comme les bêtes!). Ce qui nous brise le coeur par
contre, ce sont les femmes et les enfants marchands de babioles, qui sont
harcelants, trop insistants, ce que nous n'avions pas vu encore en Jordanie. On
a vu une mère enseigner à son bambin ses premiers mots: "One JD" (one
Jordan dollar, le prix courant pour tous les gugusses touristiques). Une
fillette, particulièrement rusée, réussit à nous vendre des cartes postales en
nous les glissant sous le bras, puis en s'éloignant, sachant très bien que nous
n'aurions pas le coeur de les garder sans payer...
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C'est le début de la journée de travail pour les employés du site. |
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Une vendeuse bédouine, qui chantait, dansait, nous offrait des bouts de roche pour quelques JDs. |
Deux jours plus tard
nous repartons, émus d'avoir foulé ce sol, d'avoir visité ces maisons, ces
temples, ces places publiques, dont nous avons à plusieurs reprises sentie
l'âme, plusieurs millénaires plus tard. Une population disparue, mais dont les
ombres peuplent maintenant nos souvenirs.
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Pièces communicantes d'un temple dans le roc. |
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Ève Marie devant le Monastère. |
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Instant de bonheur au soleil. |
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Autre moment de bonheur. |
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Les couleurs... |
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Maisons et commerces creusés dans la pierre |
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Travail de restoration des mosaïques de la chapelle byzantine de Petra. |
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Gardien de Petra en habit traditionnel. Il s'appelle...Mohammed. |
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La trésoreroie, le palais le plus connu de Petra. |
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Pierres et colonnes, seuls vestiges des maisons détruites en 363 ap. J.-C. |
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Moment d'éternité à Petra. |